Conduire en Thaïlande

Vous vous rendrez peut-être compte malgré vous que votre ville n’est pas adaptée au piéton que vous rêviez d’être. Les rares trottoirs, tout comme les deux premières voies  de circulation font bien souvent office de marché, parking, restaurant, salon de massage de pieds, vendeurs d’ananas… Vous troquerez donc vos chaussures de marche contre une paire de tongs, et reconsidérerez votre manière de vous déplacer, simple instinct de survie, simple adaptation darwiniste à votre nouveau milieu naturel.

Et nombreuses sont les alternatives.
Pour un couple avec moins de quatre enfants, optez pour une moto. Une longue selle accueillera aisément quatre paires de fesses, le petit dernier se contentera de rester debout à l’avant. Si vous êtes blanc, optez pour un casque.

Si vous avez une famille nombreuse, optez pour le pick up, dont le coffre fera un parfait compartiment pour vos bambins. Il en est de même si vous avez pour habitude de transporter des centaines d’ananas, huit cochons, ou une dizaine de moines. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à quiconque pourrait me renseigner. Qui sont ces gens qui parcourent la Thaïlande toutes vitres teintées avec des moines dans leurs coffres ? Des vendeurs de moines ?

Mais le plus étonnant, c’est l’inventivité qu’ont les thaïlandais en matière de tuning.

Alors qu’en Europe, une cuisine + une moto ferait un cuisinier qui peut aller travailler en évitant les embouteillage, le thaïlandais y ajoutera deux soudures et quatre tables de camping pour en faire un restaurant mobile.

Quand l’européen prend son 4X4 pour se rendre à la piscine, le thaïlandais remplit l’arrière de son pick-up d’eau pour un après-midi au frais.

En vivant à coté d’une frontière, on peut aussi s’étonner de la capacité des véhicules asiatiques à transporter leur lot de marchandises d’un pays à l’autre. Jusqu’où ira-t-on ? Combien de birmans peuvent tenir dans un tuk-tuk ?

En considérant la loi des gaz parfaits, P*V=NRT (je ne pensais jamais réussir à la recaser après mon bac) et la faible fiabilité d’une chambre à air d’occasion rebouchée à la feuille de bananier, combien de tonnes de marchandises avant que le pneu d’une moto n’éclate par 35 degrés ?

Mais n’allez pas croire que tout cela n’est qu’anarchie. Comme partout, la circulation en Thaïlande est régie pas des règles très strictes, qui permettent (ou pas) d’éviter les accidents.

Tout d’abord, ne surtout pas se fier aux lignes au sol, qui n’ont parfois de ligne que le nom, tout cela dépendant de l’état d’ébriété du maître d’œuvre. Car si le thaïlandais, ce fourbe de géomètre, a bien compris une chose, c’est que la distance la plus courte était sans nul doute la ligne droite, et cela même dans un virage.

Garder à l’esprit qu’en Thaïlande, la règle veut que l’on roule à gauche. Les indigènes eux-mêmes semblent parfois l’oublier.

Pour votre sécurité, lorsque vous roulez en contre sens, empruntez la bande d’arrêt d’urgence.

S’il y a un marché sur la bande d’arrêt d’urgence, empruntez la première voie de circulation.

Pour votre sécurité, lorsque vous êtes en panne, ne vous arrêtez pas sur la bande d’arrêt d’urgence. Vous risqueriez de gêner le marché ou les personnes roulant en contre-sens.

Les règles de priorité sont les suivantes :

-       Règle numéro 1 : Un thaïlandais énervé est toujours prioritaire, simple question de survie.

-       Règle numéro 2 : Il faut ensuite voir la règle des priorités comme une chaîne alimentaire. Que vous soyez sur une route, un trottoir ou dans un marché, le camion est prioritaire sur le pick-up qui est prioritaire sur la Fiat Punto qui est prioritaire sur la moto, elle même de fait prioritaire sur le vélo.

-       Règle numéro 3 : Klaxonner signifie juste que l’on est là et que l’on passera quoiqu’il arrive. Si vous désirez klaxonner un camion avec votre moto, merci de vous référer à la règle numéro 2.

Le piéton quant à lui se trouve sur le bout de cette chaine. Quand je vous disais que ce n’était pas une bonne idée de marcher…

Poste frontière Thaïlande - Myanmar. Mae Sai